Derrière tout un lot de stéréotypes liés en partie aux caractéristiques biologiques qui différencient la femme de l’homme, le cas des barbes par exemple, se cachent de vrais bouleversements pour la vie des femmes : comme par exemple le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK). Lumière sur un destructeur inconnu des femmes.
Mesdames, messieurs, l’avez-vous remarqué ? Il parait que la nature féminine est douce. Il parait que les femmes doivent avoir une peau douce sans poils, une voix aiguë, pas d’acnés, ventre plat ou encore des ovaires fertiles ….
‘’Gnonnou Sounou’’ (littéralement fille-garçon ou femme-homme), cette expression revient souvent pour qualifier ces femmes qui trahissent l’idéal social qui vient en partie des caractéristiques biologiques qui différencient la femme de l’homme. Mais en réalité rien n’est figé, la conception que l’on a de l’idéal féminin, de son corps est fortement lié à ce que la biologie a pu concéder au plus grand nombre de femmes. Cette même biologie fait que certaines femmes ont des caractéristiques d’hommes tout en étant pleinement femme, « le cas des femmes barbues » par exemple. Derrière tout un lot de stéréotypes liés à ces cas, se cachent de vrais bouleversements pour la vie des femmes : comme par exemple le Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK).
Qu’est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?
Le terme « polykystique » signifie littéralement « qui contient de nombreux kystes ». Les kystes sont de petites poches emplies d’air, de gaz ou de liquide qui peuvent se former sur plusieurs parties du corps. On parle de syndrome des ovaires polykystiques lorsque les ovaires augmentent de volume à cause de la présence de plusieurs petits kystes. Cette maladie gynécologique endocrinienne chronique d’origine imprécise, mais avec probablement une composante génétique et environnementale, concerne essentiellement les jeunes femmes. Il peut entraîner des troubles de la fertilité et de la pilosité (hirsutisme), ainsi que des complications métaboliques (diabète). C’est cette pilosité qui m’a d’abord alerté.
Dans mon cas et dans celui de nombreuses femmes et filles, les premiers signes du SOPK débutent à l’adolescence. J’avais des poils au menton. Personne dans mon entourage n’en connaissait la véritable raison mais comme on pouvait s’y attendre, le stéréotype de #vraieFemmeAfricaine nourrissait les jugements et les regards sur moi. Pour l’adolescente que j’étais, il fallait tout raser pour éviter les jugements et cette situation a pendant longtemps nourrit chez moi un manque cruel d’estime de soi . Au même moment, les séquelles demeurent encore aujourd’hui : les poils incarnés qui peinent à partir complètement.
Au début, une seule partie du menton était touché mais un matin l’apparition des poils de l’autre coté m’a alarmé. J’ai pris rendez-vous avec une dermatologue qui à la fin de son diagnostic me renvoyait vers une endocrinologue.
C’est là qu’on m’expliqua pour la première fois tout le processus.
On estime qu’une femme sur dix en souffre. Le SOPK a pour origine un déséquilibre hormonal[1]. Le taux de base de La LH ou Hormone Lutéinisante est en général plus bas que celui de FSH (hormone de stimulation folliculaire). En cas de SOPK, le taux de ces hormones varie généralement peu au cours du cycle. Le taux de base de LH est plus haut que celui de FSH et n’augmente pas en milieu du cycle. Cette LH élevée est à l’origine de la surproduction d’androgènes ovariens. Ainsi, les ovaires ne reçoivent pas les bons messages et le cycle menstruel est perturbé. On constate une élévation du taux sanguin de testostérone (hormone sécrétée par les ovaires habituellement en petite quantité). Cette hausse est responsable de l‘excès de poils sur le visage et le reste du corps ainsi que de l’acné. Le taux sanguin d’insuline (hormone sécrétée par le pancréas) a aussi tendance à augmenter en cas de SOPK.
En revenant sur mon cas précis, nous avons passé en revue un certain nombre de symptômes afin d’en établir la cause. Finalement, c’est une série de consultations et d’examens à la fois gynécologiques, dermatologiques et endocrinologiques qui ont tout confirmé.
Quelles sont les symptômes du syndrome des ovaires polykystiques ?
Les principaux symptômes sont les suivants :
- des règles irrégulières (anormalement espacées ou trop fréquentes), voire absentes,
- une pilosité importante du visage ou d’autres parties du corps, on parle alors d’hirsutisme de l’acné,
- une tendance à la prise de poids ou une difficulté à perdre du poids,
- des tâches foncées sur la peau, le plus souvent sur la nuque, sous les bras et dans la région de l’aine (à l’intérieur des cuisses),
- le ventre gonflé,
- une obésité légère ou totale,
- des sauts d’humeurs,
- l’insomnie,
- la fatigue extrême,
- etc.
L’intensité de ces symptômes est variable et les patientes ne les présentent pas toujours tous. En outre, si vous les présentez, cela ne signifie pas que vous avez un SOPK. Seul un bilan gynécologique est en mesure de confirmer le diagnostic.
Guérit-on du syndrome des ovaires polykystiques ?
Malheureusement, le traitement du SOPK est uniquement symptomatique et ceci jusqu’à la ménopause. Il repose sur une amélioration de l’hygiène de vie, un traitement médicamenteux en cas d’hirsutisme et/ou d’infertilité, et un accompagnement psychologique lorsque cela s’avère nécessaire. Chaque symptôme peut être traité mais ceci nécessite un accompagnement régulier et un appui psychologique. Notons cependant qu’il est quand même possible de procréer malgré le SOPK. Au Bénin le Dr Zayd OLATOUNDJI est l’un des meilleurs spécialistes qui suit de nombreuses femmes souffrant de ce mal.
Le plus dur pour les femmes, c’est le poids de la société, les regards, les jugements et l’absence de soutien de l’environnement qui ne comprend pas toujours ce que vivent ces femmes. De nombreuses jeunes femmes subissent, en ignorant qu’il existe une explication biologique à cela… . Heureusement il existe des femmes qui s’assument totalement malgré l’apparence physique, psychologique que leur impose ce dérèglement hormonal. AICHA KANTE en est un exemple.
Mesdames, si vous développez un de ces symptômes, allez consultez ; Faites-vous entourez et si possible intégrez un groupe de soutien ou d’écoute.
Et surtout, sachez que vous n’êtes pas seules !
Auteure : Bénédicta ALOAKINNOU